L’opposition congolaise face aux combats à l’Est
Dans un contexte où la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à une insécurité persistante dans sa partie orientale, le silence de l’opposition face aux efforts des Forces armées de la RDC (FARDC) soulève de nombreuses interrogations. Alors que les soldats congolais et leurs alliés régionaux luttent contre des groupes armés menaçant l’intégrité territoriale, l’unité nationale tant attendue semble compromise par une opposition qui reste étonnamment en retrait.

Le devoir d’unité nationale : un appel ignoré ?
Dans de nombreux pays, les conflits mettant en péril la souveraineté nationale constituent des moments où les clivages politiques s’effacent pour céder la place à une mobilisation unanime. En RDC, cette unité nationale semble manquer à l’appel. Depuis le début des opérations intensifiées dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, les principaux leaders de l’opposition se sont abstenus de tout soutien public ou d’encouragement envers les FARDC et leurs partenaires. Ce silence contraste avec les appels réguliers du président Félix Tshisekedi à une solidarité nationale face à une menace qui transcende les appartenances politiques.
Le rôle de l’opposition n’est certes pas de cautionner aveuglément les actions du pouvoir en place, mais dans un contexte de guerre, le soutien à l’armée nationale devrait dépasser les querelles partisanes. La population congolaise, elle, attend des politiciens un front uni pour défendre la nation.
Silence stratégique ou indifférence calculée ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette attitude. Premièrement, ce silence pourrait refléter une volonté de ne pas légitimer les actions d’un gouvernement que l’opposition accuse de gestion chaotique. En d’autres termes, apporter un soutien explicite aux FARDC pourrait être perçu comme un alignement sur le pouvoir en place, ce que certains leaders d’opposition souhaitent éviter à tout prix, surtout à l’approche des élections générales prévues en décembre 2025.
Deuxièmement, ce mutisme pourrait trahir une stratégie politique risquée visant à capitaliser sur les échecs militaires ou diplomatiques éventuels du gouvernement. Une telle approche, bien que cynique, est un levier souvent utilisé par des oppositions cherchant à démontrer l’incapacité du pouvoir en place à protéger ses citoyens.
Enfin, il se pourrait que l’opposition soit tout simplement désorganisée ou désunie sur la manière d’aborder ce sujet sensible. La multiplicité des courants au sein des blocs d’opposition rend parfois difficile l’adoption d’une position commune.
Un silence lourd de conséquences

Cette absence de soutien public pourrait cependant se retourner contre l’opposition elle-même. En adoptant une posture jugée passive, les leaders de l’opposition risquent de perdre le soutien d’une partie de l’électorat, en particulier dans les régions affectées par l’insécurité. La population de l’Est, qui paie le prix fort des affrontements, attend des leaders politiques une solidarité concrète et des propositions pour résoudre la crise.
En outre, l’opposition pourrait se voir accusée de faire le jeu des groupes armés en affaiblissant moralement et politiquement les FARDC, déjà confrontées à d’énormes défis logistiques et opérationnels. Cette perception, si elle s’enracine, pourrait durablement ternir son image.
Le besoin urgent d’un sursaut patriotique
Dans une RDC confrontée à des défis multidimensionnels, il est impératif que l’opposition et la majorité mettent de côté leurs différends pour faire face à une menace commune. L’histoire politique africaine regorge d’exemples où l’unité nationale a permis de triompher des adversités. La RDC, riche de ses diversités, pourrait s’inspirer de ces modèles pour bâtir un consensus autour de la sécurité nationale.
Ce silence de l’opposition face aux combats à l’Est n’est pas seulement révélateur d’une fracture politique. Il est aussi un appel urgent à une révision des priorités : la RDC ne peut espérer vaincre ses ennemis extérieurs si elle reste divisée à l’intérieur.


