New York, 26 janvier – C’est une ministre congolaise des Affaires étrangères déterminée qui s’est exprimée aujourd’hui devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Thérèse Kayikwamba Wagner n’a pas mâché ses mots, accusant l’instance internationale d’avoir failli à son devoir face à l’agression que subit la RDC depuis trois ans.
« Malgré les alertes répétées du Gouvernement congolais, ce Conseil est resté passif », a-t-elle dénoncé avec gravité. Un silence coupable qui, selon elle, a permis à la crise de s’enraciner et à des intérêts économiques peu scrupuleux de prospérer.
Des mesures fortes exigées

Dans une intervention incisive, la ministre a énoncé des mesures précises, presque comme une feuille de route pour un Conseil de sécurité qui peine à agir :
Mettre fin aux hostilités et exiger le retrait immédiat des troupes rwandaises présentes en RDC.Sanctionner les responsables de cette agression, au niveau militaire et politique.
Imposer un embargo sur les minerais, en particulier le coltan, que le Rwanda exploite illicitement dans les zones de conflit.
Suspendre le rôle du Rwanda comme pays contributeur de troupes pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Contrôler les ventes d’armes vers le Rwanda à travers un système de notifications strict.
Selon Kayikwamba Wagner, ces mesures ne sont pas seulement une question de justice pour la RDC, mais un impératif pour la crédibilité même de l’ONU.
L’économie derrière la guerre

Dans un passage troublant de son discours, la ministre a levé le voile sur les véritables enjeux de ce conflit : 150 tonnes de coltan seraient acheminées chaque mois du Congo vers le Rwanda, alimentant une industrie lucrative et mondiale de la haute technologie. Derrière les affrontements, c’est donc une guerre économique qui se joue, avec le sang des Congolais comme monnaie d’échange.
« Cette guerre n’est pas seulement une question de frontières. Elle est alimentée par des appétits insatiables pour nos ressources naturelles », a martelé Kayikwamba, appelant la communauté internationale à cesser d’être complice par son inaction.
Un test pour la communauté internationale

Le Conseil de sécurité, souvent critiqué pour son inefficacité face aux crises africaines, se retrouve désormais face à un dilemme : agir fermement ou risquer de perdre encore davantage de légitimité.Thérèse Kayikwamba Wagner, par son discours clair et audacieux, a jeté un pavé dans la mare de l’immobilisme onusien. Reste à savoir si cet appel vibrant sera suivi d’effets ou s’il viendra grossir la longue liste des promesses non tenues de la communauté internationale envers la RDC.
Pour Kinshasa, l’heure n’est plus aux attentes vaines, mais à des résultats concrets. Le message est clair : la dignité d’une nation ne peut être sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques.