Kinshasa, vendredi 24 janvier 2025
La situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu, en particulier autour de Goma, est au cœur des préoccupations du gouvernement congolais. De retour à Kinshasa jeudi soir, le Président de la République et Commandant suprême des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC) a immédiatement convoqué une réunion de crise au Palais de la Nation. Aux côtés de la Première ministre Judith Suminwa et des vice-Premiers ministres chargés de l’Intérieur et de la Défense, cette rencontre visait à évaluer les mesures urgentes à prendre face à une situation qui continue de se détériorer dans l’est du pays.
Un Conseil supérieur de la Défense sous haute tension

Ce vendredi, le chef de l’État présidera successivement le Conseil supérieur de la Défense (CSD) et la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Au menu : l’analyse des derniers rapports des FARDC et des agences humanitaires, qui décrivent une escalade des violences perpétrées par les groupes armés, notamment dans les environs de Goma. Les attaques récurrentes, les déplacements massifs de populations et la pression humanitaire accrue dans les camps de déplacés imposent des décisions fortes.
Selon des sources proches du Conseil, plusieurs options stratégiques seront discutées, parmi lesquelles le renforcement des troupes déployées sur le terrain, une éventuelle réorganisation du commandement militaire dans la région et une intensification des efforts diplomatiques pour mobiliser la communauté internationale face à cette crise.
Une réponse militaire et humanitaire en question

La région du Nord-Kivu, véritable épicentre des tensions, reste sous la menace constante des groupes armés comme le M23, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu. Les FARDC, confrontées à des défis logistiques et opérationnels, peinent à stabiliser la zone. Parallèlement, la situation humanitaire est critique : selon l’ONU, plus de 800 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’année, accentuant la pression sur les infrastructures d’accueil déjà surchargées.
Les analystes s’accordent à dire que la réponse gouvernementale devra être multidimensionnelle. « Il ne s’agit pas seulement d’une guerre militaire, mais d’une crise systémique qui nécessite une coordination étroite entre les réponses sécuritaires et humanitaires », souligne un expert en sécurité basé à Kinshasa.
Des attentes croissantes de la population

Pour la population du Nord-Kivu, les promesses de sécurité semblent de plus en plus lointaines. À Goma, capitale provinciale et point névralgique des déplacements, les habitants expriment leur désarroi face à l’incapacité des autorités à éradiquer les menaces. « Nous vivons dans la peur permanente, sans savoir si nous serons les prochains à fuir », confie un commerçant de la ville.
En marge du Conseil des ministres, les discussions sur le déploiement des ressources et la réhabilitation des infrastructures critiques pourraient également jouer un rôle clé dans les décisions à venir.
L’urgence d’une action concertée
Alors que la pression monte sur le gouvernement, le président devra non seulement apaiser les inquiétudes nationales, mais aussi accélérer les initiatives régionales et internationales. La récente médiation de l’Union africaine et les efforts de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) devront être renforcés pour aboutir à des résultats concrets.
Dans ce contexte, le Conseil supérieur de la Défense d’aujourd’hui sera scruté de près, tant par la population congolaise que par les partenaires internationaux, comme un test de la capacité des autorités à reprendre le contrôle de la situation.
Le défi est de taille, mais pour Kinshasa, il est urgent d’agir, sous peine de voir l’instabilité au Nord-Kivu s’étendre davantage et éroder encore la confiance en l’État.


