Par Prince Bertoua
En ce début d’année 2025, la République démocratique du Congo (RDC) continue de faire face à une situation sécuritaire dramatique dans sa région orientale. Depuis plusieurs années, l’insurrection du M23, que des rapports onusiens eux-mêmes lient au Rwanda, exacerbe une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent. Pourtant, malgré les appels incessants de Kinshasa, la communauté internationale, et en particulier l’Organisation des Nations Unies (ONU), semble frappée d’une indifférence coupable. Cette passivité soulève une question cruciale : la RDC a-t-elle encore intérêt à demeurer membre d’une organisation mondiale perçue par beaucoup comme inefficace et complice par son inaction ?
L’Est de la RDC : un champ de bataille oublié

Depuis la résurgence du M23 en 2022, la région de l’Est de la RDC est le théâtre de violences où des populations civiles paient un lourd tribut. Ces groupes armés, soutenus par des acteurs étatiques et non étatiques, pillent, tuent et déplacent des milliers de familles. Malgré les preuves accablantes du soutien logistique et militaire du Rwanda au M23, le Conseil de sécurité de l’ONU se contente de déclarations ambiguës et de mesures largement inefficaces.
La mission onusienne en RDC, la MONUSCO, déployée depuis plus de deux décennies, a perdu la confiance de la population congolaise. Jugée incapable d’empêcher les massacres et les déplacements massifs, elle est désormais perçue comme un spectateur impuissant d’un drame qu’elle aurait dû contribuer à prévenir.Une indifférence « complice » ?
L’attitude de l’ONU face à la crise congolaise soulève des interrogations légitimes. Si cette organisation a pour mission de préserver la paix et la sécurité internationales, pourquoi reste-t-elle muette ou inactive face à une agression flagrante qui viole les principes mêmes de la Charte des Nations Unies ?
Des analystes estiment que cette indifférence n’est pas fortuite. Le rôle géopolitique du Rwanda dans la région des Grands Lacs, son influence auprès de puissances occidentales et son image internationale d’acteur de la paix post-génocide semblent offrir un bouclier à son ingérence en RDC. Pendant ce temps, les Congolais se sentent abandonnés par une communauté internationale prompte à condamner dans d’autres régions du monde, mais silencieuse face à leurs souffrances.
Rester ou quitter l’ONU ?

Face à ce désintérêt manifeste, certains Congolais appellent à une réévaluation radicale de la place de la RDC au sein des Nations Unies. Pourquoi continuer à cotiser et à siéger dans une organisation incapable de défendre la souveraineté nationale et la dignité de son peuple ?
Cependant, quitter l’ONU ne serait pas sans conséquences. Cela isolerait la RDC sur la scène internationale et la priverait de certaines aides humanitaires et diplomatiques, même limitées. En revanche, une stratégie consistant à renforcer les alliances régionales avec l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ou d’autres partenaires stratégiques pourrait offrir une alternative plus pragmatique.

Une réforme nécessaire, mais improbableAu-delà de la question de l’appartenance congolaise à l’ONU, cette crise met en lumière la nécessité d’une réforme structurelle de l’organisation mondiale. Tant que les intérêts géopolitiques des grandes puissances primeront sur les droits des peuples, l’ONU continuera d’être une institution paralysée par des compromis cyniques.
En attendant, le peuple congolais continue de subir l’inaction internationale, tandis que la RDC, riche en ressources mais meurtrie par des décennies de conflits, doit repenser son avenir diplomatique et stratégique. Quitter l’ONU serait une décision audacieuse, mais elle refléterait une frustration légitime face à une organisation mondiale qui, à ce jour, a largement failli à son devoir envers le Congo.
Conclusion
La RDC est à un tournant décisif de son histoire. Alors que les populations de l’Est crient leur désespoir et que l’État congolais réclame justice, l’ONU doit prouver qu’elle peut être autre chose qu’un spectateur passif. Dans le cas contraire, Kinshasa devra envisager des alternatives pour garantir sa souveraineté et protéger son peuple. Car au-delà des symboles et des promesses, le Congo a besoin d’actes, et il les attend depuis trop longtemps.