Spéculation sur le marché du cacao en Côte d’Ivoire

Causes de la spéculation
La spéculation sur le marché du cacao en Côte d’Ivoire est un phénomène qui mérite une attention particulière. Plusieurs facteurs économiques et structurels contribuent à cette dynamique. La hausse des prix au port d’Abidjan et de San Pedro a été frappante. Depuis la mi-décembre 2024, les prix exigés par les fournisseurs ont bondi de 2230 à 2250 FCFA par kilogramme. En revanche, le tarif officiel demeure stagnant à 1930 FCFA/kg. Une telle différence pousse les exportateurs à surpayer pour garantir leur approvisionnement.
Bien que la production de cacao ait progressé de 26 % par rapport à l’année précédente, elle reste en deçà des prévisions initiales. Cette discordance crée une tension palpable sur le marché. Les fournisseurs, appelés « traitants », stockent les fèves plus de quinze jours, créant ainsi une pénurie artificielle. Ils forcent les exportateurs à accepter des prix plus élevés, alimentant le cycle spéculatif.
De plus, des pratiques illégales, comme la spéculation sur les prix par certains exportateurs, compliquent encore la situation. Dans l’attente d’une hausse des prix, ces acteurs déstabilisent l’écosystème du cacao. Un transformateur de San Pedro a mis en lumière les conséquences désastreuses de cette spéculation : elle nuit à la stabilité du marché et met en péril les petits exportateurs.

Conséquences de la spéculation
Les répercussions de cette spéculation sont inquiétantes et variées. D’un côté, des géants tels que Barry Callebaut et Olam ont commencé à réduire leurs achats de fèves, risquant ainsi des défauts de paiement pour certains acteurs. Les petits exportateurs, n’ayant pas les mêmes capacités financières, se trouvent particulièrement vulnérables. Ils s’inquiètent de l’atteinte de leurs objectifs d’achat.
Cette situation intensifie la concurrence entre les fournisseurs, augmentant leurs marges bénéficiaires au détriment des exportateurs. Un responsable chez Olam a affirmé que cette tendance menace la rentabilité des exportateurs, qui font face à des coûts d’achat en constante augmentation. La concentration de la production entre quelques acteurs capables de surpayer accentue le risque de défaut pour de nombreuses entreprises.
Enfin, la spéculation pourrait causer une déstabilisation massive de l’écosystème du cacao, toucher la transformation et la commercialisation, mais aussi compromettre la pérennité des acteurs locaux. Le Conseil Café Cacao (CCC) pourrait faire face à une catastrophe financière similaire à celle de 2017 si des mesures ne sont pas mises en œuvre rapidement.

Solutions envisagées par le Conseil Café Cacao
Face à cette crise, le Conseil Café Cacao (CCC) doit jouer un rôle fondamental pour réguler le marché et protéger les petits exportateurs. Le CCC envisage de renforcer les contrôles de stocks en brousse et d’éradiquer la spéculation sur les contrats de vente. Cela nécessite une application stricte des règles interdisant le surpaiement et la sanction des traitants abusant de leur position.
Bien qu’une augmentation de la marge des intermédiaires ait été mise en place pour répondre à leurs besoins, cela ne suffit pas à régler le problème de fond. Les principaux acteurs, notamment chez Barry Callebaut et Olam, incitent le CCC à jouer un rôle actif pour réguler le marché intérieur et faire appliquer les règles existantes. La mise en œuvre de ces mesures pourrait contribuer à stabiliser la situation et éviter une crise majeure.
En somme, la situation actuelle nécessite une action concertée du CCC et des acteurs du marché. Restaurer la confiance est essentiel pour assurer la pérennité de l’industrie du cacao en Côte d’Ivoire. Les enjeux, aussi bien économiques que sociaux, sont colossaux. Une action rapide est impérative pour prévenir des conséquences désastreuses.


