« Nous avons banni la dictature, contrairement à d’autres pays »
Kinshasa, 18 janvier 2025 – C’est dans un ton ferme et sans équivoque que Félix Antoine Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, a adressé une pique cinglante à son homologue rwandais, Paul Kagame, lors d’une rencontre avec le corps diplomatique ce samedi à Kinshasa.
Répondant aux propos récents du président rwandais qui avait critiqué la gestion politique et sécuritaire de la RDC, Félix Tshisekedi n’a pas mâché ses mots :« En RDC, nous avons fait le choix irréversible de bannir la dictature, contrairement à d’autres pays comme le Rwanda de Paul Kagame pour qui les élections présidentielles ressemblent à des scénarios à répétition où les opposants sont soigneusement choisis par le pouvoir. »
Une déclaration aux accents de défi

Ce discours, prononcé devant un parterre d’ambassadeurs et de diplomates étrangers, marque une nouvelle escalade verbale entre les deux chefs d’État, alors que leurs relations sont déjà tendues par les accusations mutuelles concernant les tensions dans l’est de la RDC. Tshisekedi a souligné l’engagement de son pays envers la démocratie, un engagement qu’il qualifie de « non négociable », contrastant avec ce qu’il considère comme des pratiques autoritaires au Rwanda.
Un contexte explosif
La déclaration de Félix Tshisekedi intervient dans un climat de vives tensions entre Kinshasa et Kigali. La RDC accuse depuis plusieurs années le Rwanda de soutenir le M23, un groupe rebelle actif dans les provinces de l’Est. Ces accusations, rejetées par le Rwanda, ont exacerbé les relations entre les deux voisins.
Cette sortie de Félix Tshisekedi n’est pas sans rappeler les critiques récurrentes de la communauté internationale sur la longévité de Paul Kagame au pouvoir et les faibles marges de manœuvre laissées à l’opposition rwandaise. Depuis son arrivée à la présidence en 2000, Kagame a remporté plusieurs scrutins aux résultats écrasants, souvent jugés peu transparents par des observateurs indépendants.
Une stratégie politique ou un appel à la communauté internationale ?

En se positionnant comme le porte-voix de la démocratie face à ce qu’il considère comme des dérives autoritaires, Félix Tshisekedi semble chercher à renforcer son image sur la scène internationale. Ce discours pourrait également être une tentative de mobiliser le soutien des puissances occidentales et des organisations internationales dans son combat contre les violences dans l’Est du pays, où l’ingérence rwandaise est souvent pointée du doigt.
Reste à voir quelle sera la réaction de Paul Kagame à ces propos, lui qui s’est toujours montré prompt à défendre sa gouvernance et à rejeter les critiques venant de Kinshasa. Une chose est certaine : la passe d’armes entre les deux dirigeants ne semble pas près de s’apaiser, à mesure que leurs visions politiques diamétralement opposées creusent davantage le fossé entre leurs pays respectifs.
Par Philippe Kibiangu, Kinshasa, Correspondant Africacoeurnews


