Libreville, 16 janvier 2025 – La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) a publié un plan de délestage ambitieux pour pallier les contraintes énergétiques dans la capitale gabonaise. Ce programme, détaillant des coupures échelonnées entre 9h et 1h du matin, semblait être une tentative bien orchestrée pour limiter les perturbations. Mais la réalité sur le terrain raconte une toute autre histoire.
Une organisation chaotique
Dès les premières heures, les promesses du plan ont vacillé. À Komo et Montagne Sainte, initialement prévues pour une interruption entre 9h et 11h, des résidents rapportent des coupures prolongées jusqu’à 15h. Dans d’autres quartiers, comme Mindoubé ou Lalala, les coupures ont débuté en dehors des horaires annoncés, plongeant les habitants dans une incertitude totale.
« Nous avons passé toute la matinée sans électricité, bien au-delà des deux heures annoncées », s’insurge Madeleine, habitante de Nzeng-Ayong. « Comment préparer une journée productive quand la SEEG elle-même ne respecte pas ses engagements ? »
Des zones sensibles laissées sans solutionsL’un des points les plus préoccupants reste l’impact sur les zones dites « sensibles ». Les quartiers abritant des infrastructures stratégiques, comme les hôpitaux et écoles (Clinique El Rapha, Lycée d’État, Tropicana), ont connu des coupures prolongées sans avertissement supplémentaire.
Un responsable médical, sous couvert d’anonymat, exprime sa frustration : « Les délestages désorganisés mettent en péril nos équipements vitaux. Nos générateurs ne sont pas conçus pour supporter une telle charge prolongée. »
Des promesses sans lendemain
Malgré un plan qui semblait exhaustif sur le papier, la coordination réelle s’est avérée chaotique. Plusieurs secteurs, notamment ceux d’Owendo et ses environs, ont subi des interruptions en dehors des créneaux indiqués. Certains riverains dénoncent une gestion opaque, voire improvisée, des délestages.
« À quoi bon publier un plan si on ne le suit pas ? » questionne Patrick, un entrepreneur du centre-ville. « Les commerces ne peuvent pas fonctionner dans ces conditions. Nous sommes tous pris au dépourvu. »
Des réactions mitigées de la population
Si certains Librevillois reconnaissent que les délestages sont une nécessité pour stabiliser le réseau énergétique, beaucoup critiquent le manque de communication et d’efficacité. La SEEG, pour sa part, s’est contentée d’un communiqué appelant à la « compréhension des usagers » et promettant des ajustements pour les prochains jours.Vers une perte de confiance généralisée ?
Le non-respect du plan de délestage suscite une question cruciale : la SEEG est-elle réellement en mesure de gérer la crise énergétique actuelle ? Pour beaucoup, ce dernier épisode ne fait qu’alimenter une défiance croissante envers l’entreprise. Les appels à une réforme structurelle de la gestion énergétique du Gabon se multiplient.
En attendant, les Librevillois, contraints à l’improvisation, espèrent que la SEEG saura tirer des leçons de cet échec apparent. Mais au rythme actuel, le retour à une gestion énergétique stable semble encore loin.
Journaliste : La plume engagée
