Défis climatiques et énergie au Cameroun

Impact des changements climatiques sur la production énergétique
Le Cameroun, riche en ressources hydriques, fait face à des défis majeurs en matière de production d’énergie, exacerbés par les changements climatiques. En janvier 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a recommandé la défiance face à une baisse crucial de la production électrique sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS). Ce phénomène résulte d’un déficit hydrologique de plus de 2 milliards de mètres cubes par rapport à l’année précédente. Les centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa ont ainsi vu leur production diminuer de 70 mégawatts.
Les changements climatiques, notamment une saison sèche précoce, ont des répercussions directes sur le niveau d’eau dans les barrages. Selon le professeur Albert Mbida, la production a chuté d’environ 20%, touchant durement Nachtigal, Songloulou et Edéa. Par exemple, la centrale de Memve’ele a dégringolé de 200 mégawatts en novembre à seulement 35 mégawatts. Ce tableau souligne la vulnérabilité du système énergétique camerounais face aux caprices climatiques.
De surcroît, l’arrêt des centrales thermiques de Kribi et Dibamba, provoqué par des problèmes financiers d’ENEO, intensifie cette crise énergétique. Les coupures d’électricité se font de plus en plus fréquentes, pénalisant les ménages, les entreprises et l’économie nationale. Cette situation pose des questions pressantes sur la résilience du secteur énergétique face aux défis environnementaux à venir.

Solutions potentielles pour atténuer les impacts climatiques
Face à ces enjeux, plusieurs solutions se dessinent. D’entrée de jeu, l’amélioration de la gestion des ressources hydriques est impérative. Cela inclut l’établissement de systèmes de surveillance et de prévision des niveaux d’eau pour une planification optimisée de la production énergétique. Des investissements dans des infrastructures de stockage, tels que des réservoirs, peuvent également aider à pallier les effets des sécheresses prolongées.
En parallèle, diversifier le mix énergétique est tout aussi crucial. Le Cameroun pourrait intensifier son exploration des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes. Ces alternatives, moins vulnérables aux conditions climatiques, présenteraient un complément idéal à la production hydroélectrique, surtout en période de sécheresse. Bien que des projets pilotes dans le solaire aient vu le jour, leur expansion à grande échelle reste essentielle.
Ainsi, la résolution des difficultés financières d’ENEO doit être une priorité. Le gouvernement, sous l’égide du président Paul Biya, s’efforce de régulariser la dette de la société envers ses fournisseurs. Une gestion financière rigoureuse permettra à ENEO de relancer ses centrales thermiques et d’optimiser la production. En outre, nouer des partenariats public-privé pourrait stimuler les investissements dans le secteur, amorçant ainsi une transition vers un modèle énergétique durable.

Vers un avenir énergétique durable
Les défis climatiques auxquels évolue le Cameroun dans le domaine énergétique sont indéniables. Pourtant, les solutions envisagées offrent un espoir pour un avenir plus résilient. L’engagement du gouvernement à mobiliser des ressources pour des solutions durables représente un pas en avant. Cependant, la mise en œuvre de ces stratégies requiert une synergie entre toutes les parties prenantes, incluant les autorités locales, les entreprises et la société civile.
Impliquer les communautés locales dans la gestion des ressources énergétiques est également crucial. Leur expérience des écosystèmes et des méthodes durables peut s’avérer précieuse pour optimiser les ressources. En outre, des campagnes de sensibilisation sur l’importance de l’économie d’énergie et des pratiques écoresponsables permettraient de réduire la demande durant les périodes de crise.
En somme, le Cameroun se trouve à un tournant décisif. Les décisions prises aujourd’hui influenceront non seulement la résilience du secteur face aux changements climatiques, mais aussi l’accès équitable à l’énergie pour tous. Quels autres leviers pourraient être actionnés pour renforcer cette résilience ? La réponse à cette question pourrait bien redéfinir l’avenir énergétique du Cameroun.


