Conséquences économiques de la dépendance au cacao
Une économie vulnérable face aux réglementations européennes
La République Démocratique du Congo (RDC) se classe parmi les principaux producteurs de cacao au monde, avec une part essentielle de sa production destinée à l’Europe. Cette région représente environ 50 % de la consommation mondiale, plaçant l’économie congolaise dans une position de vulnérabilité face aux fluctuations de ce marché. La nouvelle réglementation européenne « zéro déforestation », qui prendra effet le 15 octobre 2025, interdit l’importation de matières premières agricoles issues de terres déforestées. Une mesure qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour une économie déjà fragilisée par des décennies de conflits.
Ruffin Musimbi, cacaoculteur congolais, redoute cette législation. La menace de perdre l’accès à un marché vital comme l’Europe pourrait signifier la fin de son activité. Les cacaoculteurs, dépendants de leurs récoltes pour survivre, vivent dans l’incertitude, accentuée par le retrait des certifications « Fairtrade » et « Bio », restreignant davantage leurs chances de vente.
Selon Florent Kibwana Mambura, expert en économie agricole, cette réglementation touchera non seulement les producteurs de cacao, mais l’ensemble de la chaîne de valeur. La chute des revenus affectera la consommation locale, impactant ainsi les petits commerces et les services qui dépendent de cette économie. L’effet domino promet d’être dévastateur pour le tissu socio-économique congolais.
Les défis de la compétitivité sur le marché international
La RDC est confrontée à plusieurs défis structurels qui compliquent sa compétitivité sur le marché international du cacao. Outre les nouvelles réglementations, le pays doit aussi composer avec des coûts de production élevés, dus à des taxes excessives et à des infrastructures de transport insuffisantes. Mike Ntambwe, directeur général de l’ANAPEX, révèle qu’environ 400 tonnes de cacao disparaissent chaque semaine en raison de pratiques frauduleuses, entraînant une perte annuelle de 60 millions USD. Dans ce contexte, les exportations d’autres pays, comme l’Ouganda, sont plus compétitives.
Les cacaoculteurs congolais affrontent une concurrence accrue, provenant non seulement d’autres producteurs africains, mais également d’émergents d’Amérique latine et d’Asie. Diversifier les marchés d’exportation devient donc crucial pour la survie de l’économie congolaise. En explorant d’autres régions comme l’Asie ou l’Amérique, la RDC pourrait diminuer sa dépendance à l’Europe et atténuer les risques liés aux fluctuations réglementaires.
Par ailleurs, la diversification des partenaires commerciaux présente une occasion de développement significatif. Les marchés asiatiques, en plein essor, montrent un intérêt croissant pour des produits agricoles de qualité, y compris le cacao. En adaptant ses méthodes agricoles et en investissant dans des certifications adaptées, la RDC pourrait capitaliser sur cette demande croissante.
Vers une stratégie de diversification commerciale
Face aux défis imposés par la réglementation européenne et l’urgence de diversifier ses partenaires commerciaux, la RDC doit adopter une approche proactive. Cela implique un effort pour non seulement trouver de nouveaux marchés, mais aussi améliorer la qualité de ses produits. Les cacaoculteurs devraient être formés aux meilleures pratiques agricoles et aux normes de qualité exigées par le marché international.
Le gouvernement congolais, par le biais des ministères concernés, joue un rôle crucial dans cette transition. Un point de presse, prévu pour le 29 décembre 2024, discutera des implications du règlement « zéro déforestation » et des mesures à mettre en œuvre pour soutenir les producteurs. Il est vital que les autorités congolaises s’associent aux acteurs du secteur pour développer des solutions durables garantissant la compétitivité du cacao congolais sur la scène mondiale.
En résumé, la diversification des partenaires commerciaux s’avère indispensable pour la RDC. En s’ouvrant à de nouveaux marchés tout en rehaussant la qualité de ses productions, le pays peut non seulement préserver son économie, mais également ouvrir la voie à un avenir plus stable pour ses cacaoculteurs. La question demeure : la RDC sera-t-elle capable de relever ce défi et de transformer ses vulnérabilités en opportunités ?