Vers un retour en côte d’ivoire ?
En exil depuis plusieurs années, Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, ne semble pas vouloir tourner la page de sa carrière politique, malgré la lourde condamnation à perpétuité prononcée contre lui à Abidjan.
Dans une récente déclaration relayée par ses proches, l’ancien Premier ministre a exprimé sa volonté de « repositionner » son mouvement politique Générations et Peuples Solidaires (GPS) comme une force incontournable du paysage politique ivoirien.
Une condamnation controversée
Condamné en juin 2021 à la prison à vie pour « atteinte à la sûreté de l’État », Guillaume Soro a vu son image fortement écornée en Côte d’Ivoire. Ses détracteurs le considèrent comme un acteur clé des tensions politiques, notamment en raison de son opposition farouche au président Alassane Ouattara. Pourtant, pour ses partisans, cette condamnation symbolise une persécution politique destinée à éliminer un adversaire gênant.
En exil, principalement en Europe, Soro n’a cessé de dénoncer ce qu’il qualifie de « dérive autocratique » du pouvoir ivoirien. Il est devenu une figure de proue de la diaspora opposée au régime en place, multipliant les sorties médiatiques et les mobilisations à l’international.
Le pari d’un retour politique
La stratégie de Guillaume Soro est claire : maintenir une présence politique active malgré la distance. À travers GPS, il cherche à reconstruire son réseau, mobiliser la jeunesse et fédérer les déçus de la politique ivoirienne. Dans un contexte marqué par la préparation des élections présidentielles de 2025, il ambitionne de jouer un rôle décisif.
« Nous ne sommes pas en marge de l’histoire politique de notre pays. GPS demeure un acteur clé, prêt à relever les défis de la réconciliation et du développement », aurait-il affirmé lors d’une réunion virtuelle avec ses partisans.
Cependant, ce retour ne sera pas sans obstacles. Outre sa condamnation, la fracture entre Soro et certaines figures historiques de la politique ivoirienne, notamment Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié avant son décès, demeure profonde.
Les défis à relever
Pour « repositionner » son mouvement, Guillaume Soro devra non seulement renforcer sa base populaire, mais aussi rassurer une classe politique ivoirienne souvent sceptique face à son ambition. En exil, ses moyens d’action restent limités, et son influence pourrait s’éroder face à l’usure du temps.
De plus, l’actuel climat politique en Côte d’Ivoire, marqué par une volonté de maintenir la stabilité après les élections de 2020, pourrait freiner toute tentative de retour d’un acteur perçu comme polarisant.
Une carte à jouer en 2025 ?
Les élections de 2025 pourraient être le moment charnière pour Guillaume Soro et son mouvement. Bien qu’il soit absent physiquement, son équipe pourrait s’appuyer sur une stratégie numérique et une mobilisation des diasporas pour marquer le débat politique.
Malgré les incertitudes, Soro semble déterminé à inscrire son nom dans l’histoire politique ivoirienne, même depuis l’exil. La question demeure : jusqu’où pourra-t-il aller face à un système qui l’a relégué aux marges ?
En attendant, le bras de fer entre Guillaume Soro et le pouvoir d’Abidjan illustre une fois de plus les tensions sous-jacentes qui continuent de façonner la scène politique ivoirienne, à trois ans d’un scrutin crucial.
