Impact de la chute de la production de palme au Gabon
Une baisse significative de la production
Au troisième trimestre de 2024, le Gabon a enregistré une chute alarmante de 23% de sa production de régimes de palme, selon la Note de conjoncture sectorielle publiée par la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale (DGEPF). Cette baisse, survenant après deux trimestres de hausse, a des répercussions profondes sur l’agriculture de rente, un secteur clé de l’économie gabonaise. Cette contraction a conduit à un recul de 11,8% de l’indice de l’agriculture de rente, illustrant l’impact direct de cette situation sur les revenus des agriculteurs et la stabilité économique du pays.
Les neuf premiers mois de l’année 2024 ont également été marqués par une diminution de 9,6% de la récolte de régimes de palme. Cette tendance préoccupante soulève des inquiétudes quant à la pérennité de cette culture, synonyme de revenus pour de nombreuses familles gabonaises. Deux facteurs principaux expliquent cette contre-performance : la faible pluviométrie et les dommages causés par les pachydermes sur les plantations, notamment dans les régions de Mouila et Awala.
La faible pluviométrie a des conséquences directes sur la croissance des palmiers à huile, qui nécessitent un apport hydrique régulier pour produire des régimes de qualité. En outre, les éléphants et autres animaux sauvages causent des destructions considérables dans les plantations, aggravant la situation des producteurs déjà fragilisés par les aléas climatiques.
Conséquences économiques et sociales
La chute de la production de régimes de palme ne se limite pas à des chiffres ; elle entraîne des conséquences économiques et sociales profondes. Pour de nombreux agriculteurs, la culture du palmier à huile est synonyme de subsistance. La diminution de la production se traduit par une baisse des revenus, menaçant ainsi les conditions de vie des familles qui en dépendent. Face à des coûts de production élevés, les agriculteurs se trouvent dans une situation précaire.
Cette crise pourrait également avoir des répercussions sur l’emploi dans le secteur. Les exploitations agricoles, souvent dépendantes de travailleurs saisonniers, risquent de réduire leurs effectifs ou leurs heures de travail, aggravant le chômage dans les zones rurales. Les tensions sociales pourraient augmenter alors que les communautés s’efforcent de faire face à des difficultés économiques croissantes.
Les acteurs du secteur agroalimentaire, notamment les transformateurs d’huile de palme, ressentent aussi les effets de cette chute. Une diminution de l’approvisionnement en matières premières peut entraîner une hausse des prix, rendant les produits dérivés de l’huile de palme moins accessibles. Cela pourrait inciter les entreprises à diversifier leurs sources d’approvisionnement, avec des impacts à long terme sur le marché local.
Vers une diversification nécessaire
Devant cette crise, la nécessité de diversifier les cultures et de renforcer la résilience des exploitations agricoles se fait pressante. Les experts s’accordent à dire que le Gabon doit envisager des alternatives à la culture du palmier à huile pour réduire sa dépendance vis-à-vis de cette ressource unique. La diversification des cultures pourrait non seulement atténuer les risques liés aux aléas climatiques, mais également offrir de nouvelles opportunités économiques aux agriculteurs.
Des initiatives visant à promouvoir d’autres cultures, telles que le caoutchouc, dont la production a augmenté de 18,5% durant cette période, doivent être encouragées. Le dynamisme de l’entreprise ORG et la normalisation des activités de ABG, suite à l’entrée de l’État dans son capital, montrent qu’il existe des opportunités dans d’autres segments agricoles. En soutenant ces initiatives, le gouvernement pourrait aider à stabiliser l’économie rurale et améliorer les conditions de vie des agriculteurs.
En somme, la chute de la production de régimes de palme au Gabon met en lumière la vulnérabilité du secteur agricole face aux changements climatiques. La nécessité d’une approche intégrée et durable pour l’agriculture de rente est plus que jamais d’actualité. Comment le Gabon peut-il renforcer la résilience de son agriculture face à ces défis ? Quelles politiques doivent être mises en place pour soutenir les agriculteurs dans cette transition cruciale ?