Une diplomatie controversée sur Twitter
Dans un tweet qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, Muhoozi Kainerugaba, commandant des forces terrestres de l’armée ougandaise (UPDF) et fils du président ougandais Yoweri Museveni, a proposé que l’UPDF intervienne pour sécuriser les villes de Sake et Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des attaques répétées.
« Si mon père, le président Tshisekedi (Président de la RDC 🇨🇩), et mon oncle Paul (Président du Rwanda 🇷🇼) sont d’accord, l’UPDF peut sécuriser ces petites villes de #Sake et #Goma contre les attaques. Mais les mercenaires blancs doivent partir ! », a écrit Kainerugaba, laissant entendre une opposition à la présence de forces étrangères non africaines dans la région.
Une sortie médiatique qui interpelle
Ce message met en lumière les tensions géopolitiques complexes dans la région des Grands Lacs, où les intérêts nationaux, régionaux et internationaux s’entremêlent. La proposition de Muhoozi intervient dans un contexte marqué par une instabilité croissante dans l’est de la RDC, notamment à cause des exactions du groupe rebelle M23 et de la persistance d’autres milices armées.
L’appel au départ des « mercenaires blancs » a également suscité des interrogations sur l’identité de ces forces étrangères. Certains observateurs y voient une référence aux entreprises de sécurité privées souvent associées à des pays occidentaux ou à des interventions militaires non africaines.
Un positionnement stratégique pour la succession ?
Fils du président ougandais au pouvoir depuis 1986, Muhoozi Kainerugaba n’en est pas à sa première déclaration controversée sur Twitter. Sa communication audacieuse est perçue par beaucoup comme une stratégie visant à renforcer sa popularité et à asseoir son image de leader régional potentiel. À 49 ans, il est considéré comme l’héritier présomptif de son père, bien que cette perspective suscite des critiques dans un pays où les dynasties politiques sont de plus en plus remises en question.
Des implications régionales
Si l’idée d’une intervention ougandaise en RDC n’est pas nouvelle, elle pose néanmoins des questions sur la souveraineté congolaise et les relations entre les États voisins. Le rôle du Rwanda, évoqué comme « oncle Paul » par Kainerugaba, ajoute une dimension supplémentaire. Kigali est accusé par Kinshasa de soutenir le M23, bien que le Rwanda ait toujours démenti ces allégations.
La réaction officielle des présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à cette proposition demeure inconnue, mais l’initiative pourrait alimenter les débats lors des prochaines discussions sur la sécurisation de l’est de la RDC.
Une région sous tension
Depuis des décennies, l’est de la RDC est le théâtre de conflits armés complexes, alimentés par des enjeux ethniques, économiques et géopolitiques. La multiplicité des acteurs sur le terrain, y compris des armées nationales, des groupes rebelles et des forces internationales, rend toute solution durable difficile à mettre en œuvre.
L’offre de Muhoozi Kainerugaba, bien qu’elle reflète une volonté de promouvoir des solutions africaines aux problèmes africains, risque de raviver les sensibilités liées aux interventions étrangères dans la région.