Concilier Croissance Économique et Protection de l’Environnement au Gabon
Un Contexte Écologique et Économique Favorable
Avec 88 % de son territoire couvert de forêts, le Gabon possède un potentiel écologique inestimable. En 2023, le secteur forestier représentait environ 5 % du PIB et offrait plus de 11 000 postes directs. Pourtant, malgré ces atouts, le pays se heurte à d’importants défis, notamment l’exploitation illégale des ressources et la corruption. Ces fléaux entraînent une perte de recettes fiscales alarmante. Près de 20 % des recettes potentielles échappent à l’État. En 2022, les revenus du secteur forestier ne représentaient que 2 % des recettes publiques.
Dans ce contexte troublé, le gouvernement de transition, sous la direction de Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé un nouveau pacte environnemental lors de son discours du 31 décembre 2024. Ce pacte se fixe pour mission d’établir un équilibre entre développement économique et protection de l’environnement, tout en intégrant une stratégie de relance économique ambitieuse. L’objectif est clair : positionner le Gabon comme un modèle de gestion durable des ressources naturelles en Afrique centrale.
Pour réaliser cette vision, investir dans des infrastructures de transformation locale devient primordial. Il est aussi crucial de renforcer les incitations fiscales pour les entreprises qui respectent l’environnement et de soutenir des initiatives comme la certification FSC (Forest Stewardship Council) et l’agroforesterie. Ces mesures ne visent pas seulement à dynamiser l’économie, mais également à garantir la pérennité des ressources forestières.
Les Initiatives Clés du Pacte Environnemental
Le pacte proposé repose sur des initiatives stratégiques marquantes. L’instauration d’un mécanisme de contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les domaines des transports aériens et maritimes en est une illustration. Ce dispositif, intégrant un Registre Carbone National et une Contribution Carbone, incite les entreprises à diminuer leur empreinte carbone. Les fonds récoltés seront réinvestis dans des projets environnementaux, renforçant ainsi la lutte contre le changement climatique.
Parallèlement, il est impératif d’améliorer le cadre législatif pour garantir une exploitation responsable des ressources naturelles. Des lois strictes contre l’exploitation illégale doivent être établies, accompagnées d’une promotion de la transparence dans le secteur forestier. Le Général Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, a récemment insisté sur l’importance de telles mesures lors de la réunion sur les économies forestières durables du Bassin du Congo, en décembre 2024.
Enfin, promouvir l’éducation écologique et sensibiliser les communautés locales sont des priorités. Former une nouvelle génération de leaders à conjuguer innovation et éthique permettra au Gabon de garantir que la protection de l’environnement devienne une préoccupation collective.
Vers un Modèle de Développement Durable
Le Gabon se retrouve à un carrefour critique. D’un côté, il doit poursuivre son développement économique et de l’autre, préserver son environnement. Des initiatives telles que la traçabilité du bois et les programmes de végétalisation urbaine soulignent la volonté du pays d’unir protection écologique et avantages économiques. Cependant, des contradictions demeurent, notamment dans le secteur pétrolier et le manque de soutien aux jeunes désireux de se lancer dans des métiers verts.
Pour que le pacte environnemental réussisse, un engagement fort de la part du gouvernement de transition et de ses successeurs est essentiel. Promouvoir transparence et gouvernance durable doit être une priorité. Dans cette optique, renforcer les capacités institutionnelles sera crucial pour surveiller l’exploitation des ressources naturelles et faire respecter les lois environnementales. Parallèlement, le secteur privé doit s’ajuster aux exigences de durabilité, soutenu par des politiques fiscales stimulantes.
En conclusion, le Gabon a le potentiel d’émerger comme un leader africain dans la lutte contre le changement climatique, conciliant croissance économique et protection environnementale. Cela nécessitera un engagement politique solide, des investissements réfléchis et une mobilisation collective. La question demeure : le Gabon saura-t-il tirer parti de cette opportunité pour réinventer son modèle économique tout en préservant son patrimoine naturel pour les générations à venir ?