Le transfert d’une troisième vague de condamnés à mort
Kinshasa, 5 janvier 2025 – L’opération « ZÉRO KULUNA – NDOBO », un projet phare du gouvernement congolais visant à éradiquer les gangs violents, a marqué une avancée notable ce dimanche avec le transfert d’une troisième vague de condamnés à mort. Cette initiative, menée sous la supervision du ministre de la Justice, Constant Mutamba, reflète la détermination des autorités à rétablir la sécurité et à endiguer le phénomène des kuluna, tristement célèbres pour leurs activités criminelles.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Depuis plusieurs années, la République démocratique du Congo est confrontée à une montée en flèche des actes de violence urbaine perpétrés par des gangs organisés, communément appelés kuluna. Ces groupes, souvent composés de jeunes désœuvrés, ont instauré un climat de terreur dans les grandes villes, notamment à Kinshasa et Lubumbashi, à travers des extorsions, des agressions armées et des meurtres.
Face à cette situation, le gouvernement a lancé en 2023 l’opération « ZÉRO KULUNA – NDOBO », une campagne nationale visant à identifier, poursuivre et sanctionner les membres de ces gangs.Des résultats tangiblesSelon le ministre Constant Mutamba, cette opération a déjà permis l’arrestation de milliers de suspects et le jugement de centaines d’entre eux. Les tribunaux ont prononcé des peines allant de l’emprisonnement à la réclusion à perpétuité, et dans certains cas, la peine capitale.
« Aujourd’hui, nous avons franchi une étape significative en transférant cette troisième vague de condamnés à mort. C’est un message clair : l’impunité ne sera plus tolérée. Les citoyens doivent se sentir en sécurité, et les criminels doivent répondre de leurs actes », a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa.
Une opération critiquée mais soutenue par l’opinion publique
Si l’opération bénéficie d’un large soutien au sein de la population, qui aspire à un retour à la sécurité, elle suscite également des critiques de la part des défenseurs des droits humains. Ces derniers dénoncent l’application de la peine de mort et appellent à des réformes du système judiciaire pour privilégier la réhabilitation.
Human Rights Watch a récemment publié un rapport exhortant le gouvernement à suspendre les exécutions et à s’attaquer aux causes profondes du phénomène kuluna, notamment le chômage des jeunes, la pauvreté et l’éducation.
Perspectives et défis
Le gouvernement congolais reste toutefois ferme sur sa position, insistant sur la nécessité d’une approche dissuasive pour restaurer l’ordre. Le ministre Mutamba a également annoncé de nouvelles mesures, telles que le renforcement des patrouilles de police et des investissements dans des programmes de réinsertion pour les jeunes vulnérables.
Avec cette troisième vague de transferts, l’opération « ZÉRO KULUNA – NDOBO » s’impose comme un tournant dans la lutte contre l’insécurité en RDC. Cependant, son succès dépendra de la capacité des autorités à équilibrer répression et prévention pour résoudre durablement cette crise.TémoignagesDans les rues de Kinshasa, les avis sont partagés. « Nous soutenons cette opération. Enfin, nous pouvons marcher sans peur », confie Maman Rose, une commerçante du marché central. De son côté, Patrick, un étudiant en droit, estime que « la peine de mort n’est pas une solution. Il faut donner une chance à ces jeunes de changer ».
L’opération « ZÉRO KULUNA – NDOBO » continue de polariser les débats, mais elle demeure un symbole de la volonté du gouvernement de reprendre le contrôle sur les zones gangrénées par la violence.