Formation professionnelle à Kisangani : enjeux et défis de l’INPP
Un projet ambitieux pour la Tshopo
L’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) à Kisangani, soutenu par un financement de 5 millions d’euros de l’Agence Française de Développement, répond à un besoin pressant de main-d’œuvre qualifiée dans la province de la Tshopo. En visant la formation de 5 000 stagiaires par an, l’INPP se pose en bastion face au fléau du sous-emploi, qui touche 65 % des jeunes de moins de 24 ans en République Démocratique du Congo. Ce projet ambitieux englobe non seulement la formation, mais aussi la modernisation des infrastructures et la formation des formateurs, permettant d’accueillir simultanément 945 stagiaires.
Dans un contexte économique où les enjeux environnementaux, comme le réchauffement climatique, prennent de l’ampleur, l’INPP s’oriente vers des formations en lien avec les métiers verts. Ces formations visent à doter les jeunes des compétences nécessaires pour évoluer dans une économie qui évolue rapidement, tout en respectant les impératifs écologiques. Pierrot Loango, directeur provincial de l’INPP, insiste sur l’importance d’adapter ces enseignements aux exigences du marché du travail.
Cependant, le chemin vers la réalisation de ces ambitions n’est pas exempt d’obstacles. Le retard dans la construction du nouveau centre de formation, prévu pour septembre 2024, représente un sérieux défi. Ce retard, dû à des problèmes d’approvisionnement et à des conditions climatiques défavorables, soulève des interrogations quant à la capacité de l’INPP à accomplir ses objectifs dans les délais impartis.
Les défis de l’insertion professionnelle
Un des défis cruciaux de l’INPP demeure l’insertion professionnelle des jeunes formés. Bien que l’institut cherche à transmettre des compétences techniques, la réalité du marché du travail en Tshopo complique cette transition. La province souffre d’un manque d’opportunités d’emploi, rendant la recherche de postes qualifiés ardue pour les diplômés. Les entreprises locales, souvent en difficulté, peinent à recruter, aggravant les risques de sous-emploi.
Pour répondre à cette problématique, l’INPP ne se limite pas à la formation des jeunes. Il vise à tisser des partenariats avec des entreprises locales pour créer des opportunités d’emploi. Toutefois, la mise en œuvre de ces collaborations demande du temps et des ressources, et les résultats ne se feront pas attendre.
La qualité de la formation est également essentielle. Les formateurs doivent non seulement maîtriser leur domaine, mais aussi être capables d’enseigner efficacement. L’INPP se consacre à la formation de ses formateurs, mais le défi réside désormais dans la confirmation que ce niveau d’excellence répondra aux attentes tant des employeurs que des stagiaires.
Un modèle pour l’avenir
Malgré les défis qui se dressent devant lui, l’INPP de Kisangani est perçu comme un modèle prometteur pour d’autres régions de la République Démocratique du Congo. En intégrant des formations adaptées aux spécificités économiques locales et en mettant l’accent sur les métiers verts, l’institut pourrait jouer un rôle déterminant dans la transformation durable de l’économie de la Tshopo. Ce modèle pourrait également inspirer des initiatives similaires à travers le pays, contribuant à la lutte contre le chômage et le sous-emploi.
Les résultats de ce projet pourraient changer la perception de la formation professionnelle en RDC. En prouvant que des formations de qualité mènent à des emplois durables, l’INPP pourrait inciter davantage de jeunes à s’engager dans des parcours formatifs et encourager les entreprises à investir dans le développement de leurs ressources humaines.
En somme, l’INPP à Kisangani représente une lueur d’espoir pour l’économie locale. Cependant, sa réussite dépendra de l’aptitude à surmonter les obstacles structurels et à établir des liens solides avec le marché du travail. La question persiste : comment garantir que ces jeunes formés réussissent à s’insérer dans une économie en évolution rapide ?