Progrès agricoles et souveraineté alimentaire en Côte d’Ivoire
Une dynamique de croissance dans la production agricole
La Côte d’Ivoire, en tant que leader mondial du cacao, connaît des avancées notables dans son secteur agricole. En 2024, le prix d’achat du cacao a atteint des sommets, avec 1 800 francs CFA (2,70 euros) le kilo. Cela représente une hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Ce bond témoigne d’une volonté politique de rehausser les revenus des producteurs, un impératif dans un pays où le cacao constitue 14 % du PIB.
Le café, quant à lui, n’est pas en reste. Son prix d’achat a grimpé à 1 500 francs CFA (2,20 euros), contre 900 francs CFA (1,30 euro) un an plus tôt. Ces hausses sont cruciales pour les agriculteurs, leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie tout en réinvestissant dans leurs exploitations. La production de noix de cajou, bien que légèrement affectée par une baisse de prix, a vu son volume augmenter de 5 %, atteignant un total de 1 250 000 tonnes pour la campagne à venir.
Derrière ces succès se cachent des initiatives étatiques et des projets soutenus par des partenaires internationaux. Le projet « Agriculture Vivrière Abidjan Lagunes » (AVAL) illustre cet engagement. En mettant les bouchées doubles sur des filières stratégiques comme le manioc et les légumes, et avec un financement de 10 millions d’euros de l’Union Européenne, le programme promeut aussi l’inclusion des femmes et des jeunes dans le secteur agricole.
Impact sur la sécurité alimentaire
Ces réalisations agricoles influencent directement la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire. Le Président Alassane Ouattara a annoncé que la production de riz paddy a bondi à 2 millions de tonnes en 2024, une progression notable par rapport aux 846 000 tonnes de 2011. Ce succès résulte d’un programme d’appui au développement du vivrier, dont l’objectif est d’améliorer l’approvisionnement des marchés et de réduire la dépendance vis-à-vis des importations.
Le projet « Parc à bois » à Tiassalé, ayant fourni des boutures aux producteurs de manioc pour accroître leur production, incarne cet engagement. Les 80 000 tonnes de manioc prévues dans ce cadre seront essentielles pour l’approvisionnement local et la diversification des cultures vivrières.
Par ailleurs, l’Association des producteurs de cultures maraîchères à Balakro, dirigée par Ben Soumahoro, illustre l’efficacité de ces initiatives. Grâce à des kits d’intrants, leur production d’aubergines, de piments et de tomates a doublé. Entre janvier 2023 et juin 2024, plus de 12 000 tonnes de maraîchages ont été produits, soulignant le dynamisme des programmes d’appui gouvernementaux.
Défis et perspectives d’avenir
Toutefois, ces avancées ne sont pas sans défis. La Côte d’Ivoire doit composer avec une dépendance marquée à l’égard des cultures d’exportation telles que le cacao et le café, souvent au détriment des cultures vivrières essentielles. Les effets du changement climatique, avec des variations de température et des régimes de précipitations imprévisibles, pèsent également sur la productivité agricole.
Les experts insistent sur l’importance d’améliorer les infrastructures rurales et de faciliter l’accès des petits agriculteurs aux marchés. La transformation locale des produits agricoles – cet extraordinaire bond de 94 % dans la transformation de la noix de cajou entre 2021 et 2023 – représente une opportunité précieuse pour ajouter de la valeur à ces produits et fortifier l’économie locale.
À l’avenir, il est impératif que le gouvernement et ses partenaires poursuivent leurs investissements dans des programmes qui favorisent durablement le secteur agricole. L’adoption de pratiques agricoles durables ainsi que l’amélioration des chaînes de valeur sont cruciales pour assurer que les progrès réalisés perdurent et soient un gage de souveraineté alimentaire durable en Côte d’Ivoire.
Alors que la Côte d’Ivoire s’engage vers une sécurité alimentaire renforcée, quelles stratégies supplémentaires pourraient être envisagées pour surmonter ces défis persistants ? Les acteurs du secteur agricole sont-ils véritablement impliqués dans la formulation des politiques les concernant ? Ces interrogations méritent une attention particulière pour garantir un avenir alimentaire stable et prospère pour le pays.