Revitalisation de la Filière Bois au Gabon : Opportunités et Risques
Un Potentiel Économique et Écologique Considérable
Le Gabon, pourvu d’une forêt couvrant 88 % de son territoire, est à la croisée des chemins en matière de gestion forestière durable. En 2023, la filière bois représentait près de 5 % du PIB, créant plus de 11 000 emplois directs. Cette richesse naturelle constitue une occasion unique pour le développement économique, surtout alors que les exigences environnementales se renforcent.
La récente réunion de haut niveau sur les économies forestières durables du Bassin du Congo, tenue le 19 décembre 2024, a accentué l’engagement du Gabon pour une exploitation responsable de ses ressources. Des figures influentes, telles que le Général Maurice Ntossui Allogo et Cheick Fantamady Kante de la Banque mondiale, ont affirmé l’importance d’une approche collective en faveur de la durabilité. Cette dynamique pourrait inciter à des investissements accrus dans la filière bois, tout en respectant les normes environnementales.
Un élément positif à signaler : la part des produits en bois de seconde transformation dans les exportations forestières a grimpé à près de 65 % en 2022. Cette tendance est le fruit de l’interdiction, instaurée en 2010, d’exporter des grumes, visant à favoriser la transformation locale tout en maximisant les bénéfices pour l’économie gabonaise.
Les Défis de la Gestion Durable
Malgré des avancées notables, des défis majeurs subsistent. Environ 20 % des recettes potentielles du secteur forestier échappent encore à l’État, victimes de l’exploitation illégale, de la corruption et d’une gestion laxiste. Ces éléments compromettent non seulement les revenus étatiques mais également la pérennité des ressources forestières.
En 2022, les recettes fiscales issues de l’exploitation forestière ne représentaient que 2 % des recettes publiques et environ 0,5 % du PIB. Ce constat alarmant soulève des doutes sur la capacité du Gabon à maximiser son potentiel forestier. Investir dans des infrastructures de transformation locale est devenu essentiel pour capter davantage d’investissements privés et accroître les revenus, tout en soutenant la durabilité.
La gestion de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), récemment rétablie sous contrôle de l’État, pourrait jouer un rôle pivot dans cette revitalisation. En adoptant une approche plus responsable et transparente, la SNBG peut veiller à ce que les bénéfices demeurent au Gabon et à augmenter les opportunités d’emploi pour les jeunes et les populations rurales, contribuant ainsi à lutter contre le chômage et l’exode rural.
Vers une Exploitation Responsable et Durable
Pour que la revitalisation de la filière bois soit véritablement bénéfique, il est crucial d’adopter des pratiques d’exploitation responsables. Initiatives comme la certification FSC (Forest Stewardship Council) et le développement de l’agroforesterie illustrent comment le Gabon peut promouvoir une exploitation forestière durable. Ces approches cherchent à balancer les impératifs économiques avec la préservation de l’environnement, afin de garantir que les générations futures bénéficient également de ces ressources.
Les normes environnementales, bien qu’elles puissent être perçues comme contraignantes, présentent également une chance de se distinguer sur le marché international. En intégrant des pratiques durables, le Gabon pourrait attirer des investisseurs soucieux de l’environnement et affermir sa position dans le secteur mondial du bois. Cette orientation pourrait ouvrir des portes à des partenariats avec d’autres organisations internationales engagées dans le développement durable.
En résumé, la revitalisation de la filière bois au Gabon offre des perspectives significatives. Toutefois, elle nécessite une gestion rigoureuse et une volonté politique forte pour faire face aux défis en cours. Le Gabon parviendra-t-il à tirer parti de ses ressources forestières tout en respectant les normes environnementales et en garantissant une exploitation durable ?
