Retards dans les Projets d’Infrastructure en RDC
Contexte des Retards Infrastructurels
La République Démocratique du Congo (RDC) souffre de retards significatifs dans ses projets d’infrastructure, en particulier dans le secteur routier. Prenons l’exemple de la route Kananga-Kalamba Mbuji, qui illustre bien ces obstacles. Selon le Centre de recherches en finances publiques et développement local (CREFDL), plusieurs éléments contribuent à ce blocage. Le ministre des Infrastructures, Alexis Gisaro, a promis que la route serait opérationnelle d’ici juin 2025. Cependant, le CREFDL remet en question cette déclaration, citant un financement largement insuffisant.
En effet, sur un budget prévisionnel de 278 millions de dollars, seulement 40 millions ont été alloués, et à peine 7,2 millions ont été décaissés jusqu’à présent. Ce chiffre alarmant équivaut à un taux d’exécution catastrophique de 0,18 %. Ce manque de fonds constitue une entrave majeure à la réalisation des travaux. En outre, l’absence d’inscription du projet dans la Loi de Finances 2024 et son exclusion pour 2025 révèlent un manque de clarté dans les procédures de décaissement.
Par ailleurs, la dépendance au financement de Sicomines, conditionnée par le cours du cuivre, ajoute un niveau supplémentaire d’incertitude. Cette réalité met en lumière la fragilité du système financier des infrastructures en RDC, où les variations du marché mondial peuvent directement compromettre des projets vitaux pour le développement du pays.
Conséquences des Retards
Les retards dans les projets d’infrastructure entraînent des conséquences lourdes pour l’économie et la société congolaise. Des routes impraticables entravent l’accès aux marchés, pénalisant les agriculteurs dans la vente de leurs produits. Dominique Kasimba, expert en développement rural, met en garde : sans infrastructures adéquates, l’amélioration de la production agricole risque de rester illusoire.
Le manque d’accès à l’électricité aggrave encore la situation, notamment à Kisangani, où le taux de raccordement n’atteint que 23 %. Des infrastructures énergétiques insuffisantes, combinées à des routes dégradées, freinent non seulement la transformation agricole, mais aussi l’industrialisation. Les entreprises locales, contraintes de fonctionner dans ces conditions, peinent à créer des emplois et à favoriser la croissance économique dans leurs régions.
Le vice-président de l’assemblée provinciale du Kasaï Central, Papy Noël Kanku Kabamba, a exprimé son mécontentement face à l’inefficacité des initiatives du gouvernement central, y compris le projet d’urgence de résilience urbaine de Kananga (PURUK), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars. Les résultats sont, hélas, en deçà des attentes, frustrant ainsi les populations locales.
Solutions pour Améliorer la Situation
Pour surmonter ces retards, plusieurs stratégies doivent être envisagées. En premier lieu, il est essentiel d’inclure les projets d’infrastructure dans un cadre budgétaire clair pour assurer un financement adéquat. Le CREFDL recommande une surveillance rigoureuse de la dépense publique pour garantir la transparence et l’efficacité des décaissements.
Ensuite, revoir les priorités budgétaires pourrait permettre une allocation plus judicieuse des ressources. Des experts, tels que Franck Ange, notent que le coût de construction d’une route agricole varie entre 35 000 et 45 000 USD par km. Un budget réaliste et bien structuré est donc crucial pour réaliser les objectifs gouvernementaux.
Enfin, l’engagement de la société civile et des acteurs locaux est primordial. En incitant la population à observer les travaux et à dénoncer la corruption, on peut améliorer la gestion des projets. Le président Félix Tshisekedi a lui-même affirmé qu’il serait déterminé à finir le projet de la route Kananga-Kalamba Mbuji, soulignant l’importance de l’implication citoyenne dans le suivi des infrastructures.
Les retards dans les projets d’infrastructure en RDC soulèvent des enjeux cruciaux sur la gestion des ressources et l’implication des acteurs politiques. Il est impératif de se demander comment les promesses peuvent se traduire en actions concrètes. Quelles mesures assureront une meilleure transparence et une exécution efficace des projets ? Ces réflexions sont indispensables pour envisager un avenir où les infrastructures soutiennent réellement le développement du pays.