Durabilité économique du secteur forestier au Gabon

Un secteur en péril : exploitation illégale et corruption
Le Gabon, riche en ressources forestières, se trouve à un tournant critique. L’exploitation illégale et la corruption menacent gravement la durabilité de son secteur forestier. Malgré l’interdiction d’exportation de grumes instaurée en 2010, environ 20 % des revenus potentiels échappent encore à l’État. Cette situation met en exergue les insuffisances des réformes engagées et pose des questions inquiétantes sur la gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources naturelles.
Les répercussions économiques de cette défaillance sont alarmantes. En 2022, les recettes fiscales tirées de l’exploitation forestière ne représentaient que 2 % des recettes publiques totales, tandis que leur contribution au PIB était d’à peine 0,5 %. Ce tableau révèle une perte économique majeure et souligne que, malgré son potentiel, le secteur forestier peine à apporter des revenus significatifs au pays. La corruption, alimentée par des réseaux clandestins, freine non seulement la collecte d’impôts, mais aussi la mise en œuvre de politiques durables.
Le Général Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, a récemment exprimé la nécessité d’améliorer la gestion des ressources forestières. Maximiser les revenus tout en préservant l’environnement doit devenir une priorité. Cependant, sans un engagement politique solide et des actions concrètes contre la corruption, ces objectifs pourraient ne jamais se concrétiser.

Les enjeux de la gouvernance forestière
La gouvernance forestière est cruciale pour assurer la durabilité du secteur au Gabon. Les activités illégales, comme l’exploitation non autorisée et le trafic de bois, prospèrent souvent en raison de failles dans le système réglementaire. Les acteurs de ces pratiques illicites tirent parti de l’inefficacité des contrôles et de la corruption omniprésente au sein des institutions publiques.
Des recherches mettent en avant que des systèmes de traçabilité et de transparence pourraient considérablement réduire ces exploitations illégales. Des initiatives telles que la certification FSC (Forest Stewardship Council) ont montré leur efficacité dans d’autres pays, en favorisant une gestion responsable des forêts. En adoptant des mécanismes de contrôle robustes, le Gabon pourrait améliorer ses recettes fiscales tout en rehaussant son image sur la scène internationale.
Il est également impératif d’impliquer les communautés locales dans la gestion des ressources forestières. En leur offrant des incitations économiques et en les intégrant dans les décisions, le Gabon pourrait promouvoir une exploitation durable de ses forêts. Cela contribuerait à réduire la pression sur les ressources et à renforcer la résilience économique des populations locales.

Vers une économie forestière durable
Pour que le Gabon exploite pleinement le potentiel de son secteur forestier, il est impératif de développer une approche intégrée, alliant durabilité économique, sociale et environnementale. Un engagement fort du gouvernement, du secteur privé et de la société civile est crucial. La lutte contre la corruption doit figurer en tête des priorités, car elle nuit considérablement à l’efficacité des politiques mises en œuvre.
Des exemples de pays ayant réussi à réformer leur secteur forestier, comme le Costa Rica, peuvent servir de références. Ce dernier a inversé la tendance à la déforestation grâce à des programmes de reforestation et à une gestion durable des ressources. En investissant dans des initiatives similaires, le Gabon pourrait protéger ses précieuses forêts tout en stimulant son économie.
Enfin, la sensibilisation du public et l’éducation sur les enjeux de la durabilité forestière sont essentielles. Informer les citoyens sur l’importance de la préservation des forêts peut engendrer un mouvement collectif en faveur de la durabilité. Cela encouragera également les entreprises à adopter des pratiques plus responsables, contribuant ainsi à une économie forestière véritablement durable.