Criminalité en hausse au Gabon : causes et réponses gouvernementales

Facteurs de l’augmentation de la criminalité
La sécurité au Gabon, et particulièrement à Libreville, est désormais menacée. Les actes de banditisme, les agressions et les homicides se multiplient de façon inquiétante. Plusieurs éléments expliquent cette montée de la criminalité. D’abord, le chômage, surtout chez les jeunes de moins de 31 ans, joue un rôle majeur. Souvent sans emploi, ces jeunes se retrouvent vulnérables et susceptibles de rejoindre des activités criminelles, y compris le trafic de stupéfiants. Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a observé que certains d’entre eux sont recrutés par des réseaux, dont ceux dirigés par des étrangers, notamment des Nigérians.
La consommation de drogues, notamment la cocaïne et le cannabis, contribue également à ce fléau. Immongault a rapporté que 5,8 % des toxicomanes consomment de la cocaïne, tandis que le cannabis, en tête des ventes, est consommé par 51 %. Ce phénomène crée un cercle vicieux : la consommation exacerbe l’insécurité et rend les jeunes encore plus accessibles à la criminalité.
De plus, malgré des investissements dans la sécurité et le recrutement de nouveaux agents, le dispositif semble défaillant. Près de 4 000 crimes ont été enregistrés durant les huit premiers mois de l’année, révélant des lacunes sérieuses dans la lutte contre la violence. Les violations du couvre-feu instauré par le Conseil de transition et de réconciliation institutionnelle (CTRI) depuis le coup d’État du 30 août 2023 aggravent la situation.

Réponses gouvernementales face à la criminalité
Confronté à ce constat alarmant, le gouvernement gabonais a lancé diverses initiatives pour restaurer l’ordre public. Parmi celles-ci, l’opération « Coup de poing » de la Gendarmerie nationale a permis d’arrêter 154 individus à Libreville, ciblant les violations du couvre-feu et les infractions graves comme le braquage et le narcotrafic.
De manière proactive, le gouvernement envisage de renforcer ses équipes de sécurité par un nouveau cycle de recrutements. Immongault a également prévu d’améliorer la surveillance aux postes frontaliers et d’effectuer des contrôles aléatoires aux entrées et sorties des villes. Ces mesures visent à limiter l’entrée des substances illicites, particulièrement dans des provinces touchées par la consommation de drogues, comme l’Ogooué-Maritime.
Le ministre a réclamé une réponse plus stricte face à la consommation de stupéfiants, notamment à travers un suivi renforcé des trafiquants et des campagnes de sensibilisation destinées à protéger les jeunes. La lutte contre le trafic de drogues est dorénavant une priorité, comme en témoigne les saisies importantes de stupéfiants, symbole de l’engagement des autorités sur ce dossier urgent.
Perspectives et défis futurs
Malgré les mesures entreprises, des défis non négligeables persistent. Les réseaux de trafic, souvent contrôlés par des étrangers, compliquent sérieusement la lutte contre la criminalité. Par ailleurs, la consommation de drogues chez les jeunes reste un enjeu de santé publique crucial. Une approche intégrée, mêlant actions répressives et initiatives préventives, s’impose.
Il est également vital que le gouvernement collabore avec les communautés locales pour renforcer la confiance entre les forces de l’ordre et la population. Une telle approche serait bénéfique pour identifier les problèmes de sécurité à l’échelle locale et développer des solutions adaptées.
Enfin, aborder la question de l’emploi et de l’éducation des jeunes devrait être une priorité. Des programmes de formation et d’insertion professionnelle pourraient offrir des alternatives crédibles à ceux qui envisagent la criminalité. Pour que la lutte contre l’insécurité au Gabon soit efficace, elle doit s’attaquer aux causes profondes du problème, en ouvrant des perspectives d’avenir aux jeunes et en renforçant le tissu social.