Une Grâce Conditionnelle pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso
Ouagadougou, 18 décembre 2024 – Dans une tentative audacieuse de promouvoir la réconciliation nationale et de stabiliser le pays, le gouvernement burkinabè a présenté un projet de loi visant à accorder une grâce conditionnelle aux acteurs impliqués dans le coup d’État manqué de septembre 2015.
Présenté par le ministre de la Justice, Édasso Rodrigue Bayala, ce projet marque une étape clé dans les efforts pour réconcilier une nation marquée par des crises politiques et des menaces sécuritaires.
Retour sur le coup d’État de 2015En septembre 2015, des membres du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), sous la direction du général Gilbert Diendéré, ont tenté de renverser le gouvernement de transition dirigé par Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida. Ce coup d’État faisait suite à la chute de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en 2014 après 27 ans de règne, suite à des manifestations massives contre son projet de modification constitutionnelle.
Cependant, grâce à la mobilisation populaire et à la résistance des forces loyalistes, le coup d’État a échoué en deux semaines. Les responsables, dont le général Diendéré, ont été condamnés à de lourdes peines de prison.
Les Conditions de la Grâce
Le projet de loi propose une amnistie conditionnelle, sous réserve que les personnes concernées remplissent plusieurs critères :
Reconnaissance des actes
Les coupables doivent reconnaître leur participation au coup d’État. Cette démarche vise à établir une vérité historique et à permettre à la société burkinabè de tourner la page.
Engagement dans la reconstruction nationale
Les anciens putschistes doivent s’engager dans des actions concrètes, telles que la reconstruction des communautés ou la réhabilitation des infrastructures.
Bon comportement en prison
Les bénéficiaires doivent prouver leur réhabilitation par leur comportement exemplaire durant leur incarcération, notamment par leur participation à des programmes de réinsertion.
Contribution à la lutte contre le terrorisme
Dans un contexte où le Burkina Faso fait face à une menace terroriste croissante, le projet de loi exige des anciens militaires qu’ils mettent leur expertise au service de la sécurité nationale.Une Stratégie de Réconciliation Nationale.
Conclusion
Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large visant à promouvoir l’unité nationale et à renforcer la cohésion sociale. En réintégrant ces anciens militaires dans la société, le gouvernement espère non seulement réconcilier la population mais également mobiliser des forces supplémentaires pour contrer les groupes armés qui sévissent dans le pays.
Cette mesure divise néanmoins l’opinion publique. Si certains y voient une avancée vers la réconciliation, d’autres craignent que cela ne banalise les tentatives de coups d’État et remette en question la justice rendue aux victimes.
Quoi qu’il en soit, ce projet de loi représente un pari audacieux du gouvernement burkinabè dans sa quête de stabilité et de paix durable.