dimanche 22 décembre 2024
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Associations au Cameroun: Défis à surmonter.

Rôle des associations au Cameroun : transparence et régulation

Contexte historique et légal des associations

Le paysage associatif camerounais repose sur un cadre légal en constante évolution. La loi n°053/90, adoptée le 19 décembre 1990, a ouvert les portes aux initiatives communautaires tout en institueur un contrôle rigoureux des activités associatives par l’État. Cette régulation vise à s’assurer que les associations respectent les lois nationales et les normes internationales. Parallèlement, la loi n°99/014 du 22 décembre 1999 sur les ONG impose des exigences de transparence, comme la tenue de comptes financiers et la soumission de rapports d’activités au Ministère de l’Administration Territoriale (Minat).

Bien que ce cadre légal soit nécessaire pour une bonne gouvernance, il suscite des préoccupations quant à la liberté d’association et à l’autonomie des ONG. Les exigences de transparence, notamment la nécessité de déclarer les sources de financement, en particulier celles provenant de l’étranger, sont souvent vues comme des entraves à l’action des ONG. Le contrôle de l’État est parfois perçu comme une tentative de restreindre la liberté d’expression et d’action, particulièrement dans un contexte où certaines ONG font l’objet d’accusations de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme.

Les tensions entre l’État et les ONG se sont aggravées après les attentats du 11 septembre 2001, entraînant des régulations plus strictes sur le financement des associations. Si ces mesures répondent à des préoccupations de sécurité nationale, elles soulèvent des interrogations sur l’équilibre entre sécurité et respect des droits fondamentaux.

Transparence et responsabilité des ONG

Les associations camerounaises jouent un rôle essentiel en matière de transparence et de responsabilité, notamment dans les domaines des droits de l’homme et de la gouvernance. Elles se positionnent souvent en première ligne pour dénoncer les abus et exiger la reddition de comptes des acteurs publics. Par exemple, le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac) surveille les détournements de fonds publics tout en défendant les droits des citoyens.

Cependant, les ONG doivent faire face à un environnement marqué par une méfiance exacerbée de l’État. Récemment, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a souligné la nécessité pour les ONG de respecter les exigences de transparence, évoquant des fonds importants reçus sans justification adéquate de leurs activités. Cela souligne l’importance pour les ONG de renforcer leurs mécanismes internes pour maintenir la confiance du public et des bailleurs de fonds.

Les exigences de soumission de rapports d’activités et de déclaration des transactions financières visent à garantir que les ONG agissent dans l’intérêt public. Pourtant, ces mesures peuvent être perçues comme des instruments de surveillance qui entravent la liberté d’action des associations. Trouver un équilibre entre conformité légale et préservation de l’indépendance devient crucial pour ces organisations.

Défis et perspectives d’avenir

Le débat sur le rôle des associations au Cameroun, en matière de transparence et de régulation, est loin d’être tranché. Les ONG se heurtent à des accusations de financement illicite et de blanchiment d’argent, alimentant ainsi la méfiance de l’État. Simultanément, elles revendiquent leur droit à la liberté d’association et à la protection de leurs droits fondamentaux.

Des figures comme Me Alice Nkom, avocate et défenseure des droits humains, mettent en avant l’importance de protéger les ONG des abus de pouvoir. Elle plaide pour un dialogue constructif entre l’État et la société civile, visant à trouver des solutions équilibrées entre sécurité nationale et droits humains. La création de mécanismes de médiation pourrait favoriser une meilleure coopération entre les ONG et les autorités.

À l’avenir, il sera crucial de réévaluer le cadre réglementaire entourant les activités associatives au Cameroun. Une approche collaborative, qui reconnaît le rôle essentiel des ONG dans la société civile, pourrait renforcer la transparence et la responsabilité tout en préservant l’espace nécessaire à leur fonctionnement. Reste la question : comment établir un équilibre entre régulation étatique et liberté d’association, tout en assurant la sécurité et la transparence dans le secteur associatif ?

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