Déficits budgétaires et arriérés au Gabon : causes et solutions
Causes des déficits budgétaires au Gabon
Le Gabon, riche en ressources naturelles, confronté à des défis économiques, subit des déficits budgétaires récurrents et des arriérés croissants. En 2023, le déficit budgétaire s’est établi à 1,0 % du PIB, une légère hausse par rapport à 0,8 % en 2022. Cette situation résulte principalement d’une explosion des dépenses publiques, atteignant 23,9 % du PIB. Cette dérive budgétaire est souvent liée à une gestion inefficace des finances, et l’abus des incitations fiscales provoque des pertes conséquentes, évaluées à 352 milliards de FCFA, soit 2,8 % du PIB.
Ajoutant à cette pression, le surendettement s’aggrave. Le ratio de la dette publique atteint 70,5 % du PIB, avec des prévisions alarmantes dépassant les 80 % d’ici 2025. Cette situation, en partie due à la hausse des taux d’intérêt mondiaux, complique le service de la dette. En parallèle, les arriérés extérieurs s’élèvent à 146 milliards de FCFA, rendant la gestion des finances publiques encore plus délicate.
Les strictes exigences de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) sur les fonds propres des banques limitent leur capacité à investir dans la dette publique, aggravant ainsi une situation financière déjà précaire. Le Gabon se retrouve donc contraint d’emprunter sur le marché régional pour honorer ses engagements.
Solutions envisagées pour stabiliser les finances
Pour pallier ces déséquilibres budgétaires, plusieurs solutions sont sur la table. Une amélioration de la transparence et de la gestion des finances publiques s’impose. Cela implique une rationalisation des dépenses et un meilleur encadrement fiscal. Des réformes structurelles sont donc impératives pour réduire les dépenses inefficaces, en se concentrant sur les dépenses de fonctionnement et en optimisant le financement des institutions publiques.
Refondre le système fiscal est aussi crucial pour augmenter les recettes non pétrolières. Cela pourrait se traduire par une meilleure efficacité dans le recouvrement des impôts et un élargissement de la base fiscale. Parallèlement, une stratégie de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale est essentielle afin d’exploiter pleinement le potentiel économique du pays et de réduire la pression sur la dette.
Le gouvernement a déjà lancé une opération pour mobiliser entre 39 et 46,5 milliards de FCFA par le biais d’émissions de bons et obligations du Trésor, avec des taux d’intérêt attractifs (5,75 % à 6,5 %). Cependant, la réussite de ces mesures dépendra des réformes structurelles ambitieuses et d’une volonté politique forte pour leur mise en œuvre.
Défis et perspectives d’avenir
Malgré ces initiatives, le Gabon est confronté à des défis structurels qui entravent sa capacité à stabiliser ses finances. La dépendance excessive aux revenus pétroliers et la lenteur des réformes économiques représentent des obstacles significatifs. Pour 2024, la prévision de croissance économique n’est que de 2,6 %, soulignant d’urgence la nécessité d’une diversification économique. Les infrastructures logistiques insuffisantes et les lenteurs administratives continuent également d’entraver l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.
Afin d’avancer, le Gabon doit non seulement mettre en œuvre des réformes fiscales et budgétaires, mais également soutenir des secteurs comme l’agro-industrie avec des politiques incitatives et un cadre réglementaire adapté. L’amélioration des infrastructures, notamment par la réhabilitation des routes et des ports, est également essentielle pour favoriser les échanges commerciaux et renforcer la compétitivité du pays.
En résumé, la restructuration des entreprises publiques et l’optimisation des dépenses seront des tests décisifs pour la gouvernance économique du Gabon. Une gestion rigoureuse des ressources et une transparence accrue dans l’utilisation des fonds sont cruciales pour empêcher les déficits budgétaires de devenir une fatalité. Reste à voir si le Gabon saura relever ces défis structurels et si les réformes proposées suffiront à relancer l’économie et à restaurer la confiance des investisseurs.