Décongestion routière à Kinshasa : enjeux et réactions
Mesures mises en place pour améliorer la circulation
À Kinshasa, les embouteillages deviennent un défi majeur. En réponse, le gouvernement congolais a lancé plusieurs initiatives pour fluidifier le trafic. Parmi celles-ci, la mise en place de la circulation alternée et l’interdiction de circuler dans certaines zones. Ces mesures, ordonnées par la Commission nationale de prévention routière (CNPR), ciblent le boulevard Lumumba, une route en proie à une congestion chronique.
Parallèlement, une présence policière renforcée aux intersections aide à maintenir l’ordre et à faire respecter ces nouvelles règles. Une campagne de sensibilisation a également été initiée pour encourager le civisme routier. Le vice-Premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, a insisté sur la nécessité de réhabiliter les infrastructures. En effet, de nombreuses routes sont en très mauvais état, ce qui contribue à l’augmentation des embouteillages.
Des projets ambitieux sont également en cours, comme la construction de rocades pour relier des zones stratégiques sans passer par les routes principales. Financer par des entreprises telles que SICOMINES S.A., ces initiatives visent à réduire les encombrements et à favoriser une meilleure mobilité urbaine à long terme.
Réactions de la population face aux mesures
Les efforts déployés par les autorités ne sont pas universellement bien accueillis. De nombreux Kinois doutent de l’efficacité des nouvelles mesures de circulation. Ils font état de situations de trafic encore plus difficiles, avec des détours qui rallongent considérablement les trajets. Martin Fayulu, leader de l’opposition, a témoigné de son expérience, ayant mis six heures pour parcourir moins de 25 kilomètres, une situation qu’il juge alarmante, surtout pour ceux en situation d’urgence.
Les plaintes s’accumulent, en particulier concernant l’augmentation des tarifs de transport. Les chauffeurs de taxi, face à la congestion, contourner les tarifs réglementés, ce qui affecte le budget des familles. La Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a reconnu ces préoccupations lors de la récente réunion du Conseil des ministres, soulignant l’importance d’une évaluation des mesures actuelles.
Les critiques émanent non seulement des usagers. Des experts et des membres de la société civile pointent le manque de planification urbaine et l’inefficacité des solutions choisies. La commission ad hoc sur l’insalubrité, dirigée par l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, a proposé des politiques pour encourager l’usage du vélo et de la marche. Cela met en lumière la nécessité de réduire l’utilisation des véhicules individuels pour désengorger les routes.
Perspectives d’avenir et solutions alternatives
Les mesures actuelles semblent insuffisantes pour maîtriser la crise de circulation à Kinshasa. Cependant, plusieurs solutions émergent. La création de pistes cyclables sécurisées ainsi que d’espaces réservés aux piétons pourrait encourager une mobilité durable, tout en diminuant la dépendance à la voiture. Bien que ces initiatives nécessitent des investissements initiaux, elles pourraient considérablement améliorer la qualité de vie à long terme.
Par ailleurs, il est crucial d’envisager une planification urbaine intégrée. Un aménagement urbain réfléchi, tenant compte des besoins des usagers et des infrastructures existantes, pourrait canaliser la croissance démographique et l’urbanisation rapide de Kinshasa. Les autorités doivent également penser à des alternatives innovantes, telles que des systèmes de transports en commun performants.
Finalement, la collaboration entre les acteurs, y compris la société civile, les experts en urbanisme et les autorités locales, sera essentielle pour formuler des solutions durables. La réunion d’évaluation fixée au 9 décembre 2024 pourrait offrir une plateforme pour réévaluer les mesures et envisager des ajustements nécessaires. En attendant, les Kinois poursuivent leur quotidien, constamment entravés par les embouteillages. La question demeure alors : quelles solutions concrètes seront mises en œuvre pour améliorer leur qualité de vie ?