Une Croissance Impressionnante du Trafic de Marchandises
Le Port Autonome de Kribi (PAK) a récemment annoncé des chiffres record concernant son trafic de marchandises, marquant une étape significative dans son développement depuis son ouverture en mars 2018. Selon Michaël Mama, directeur d’exploitation du PAK, la croissance est principalement attribuée aux vracs liquides, qui représentent 82% du trafic total, soit 8,2 millions de tonnes. Cette performance sans précédent témoigne de l’importance croissante du port dans le paysage maritime régional.
En parallèle, le trafic de conteneurs a également connu une progression notable, atteignant 55 611 équivalents vingt pieds (EVP) en 2022, contre 49 818 EVP en 2021. Les conteneurs, qu’ils soient pleins ou vides, constituent 58% du trafic total en tonnage. Ce dynamisme est renforcé par le fait que le transbordement représente 63% du trafic de conteneurs, tandis que le trafic national s’établit à 37%.
Ces chiffres illustrent non seulement la capacité d’attraction du port, mais également son rôle stratégique dans les échanges commerciaux régionaux.La productivité du port a également connu une hausse significative, avec 746 524 tonnes gérées sur le terminal polyvalent en 2022, contre 155 061 tonnes en 2021. Cette amélioration est le résultat d’une gestion efficace et d’une optimisation des processus logistiques, plaçant le PAK en tête des ports de la région pour la deuxième année consécutive, selon l’Agpaoc.
Des Défis à Surmonter pour Maintenir la Croissance
Malgré ces résultats encourageants, le PAK fait face à plusieurs défis qui pourraient entraver sa croissance future. L’un des principaux problèmes réside dans la faible desserte de ses infrastructures terrestres, rendant le port moins accessible que son concurrent, le port de Douala. Cette situation limite l’attractivité du PAK pour les investisseurs et les entreprises locales, qui se plaignent des tarifs de péage élevés, allant de 600 FCFA pour les tricycles à 5 600 FCFA pour les grands camions.
De plus, les entreprises locales critiquent la taxation à la TVA sur les opérations navires, ce qui augmente les coûts et risque de détourner les volumes vers d’autres ports. Ces préoccupations sont d’autant plus pressantes que des experts des ministères des Finances et des Transports ont récemment évalué les activités opérationnelles du port, soulignant la nécessité d’améliorer l’accessibilité et de réduire les coûts pour stimuler le trafic.
Un autre défi majeur concerne la capacité de la ligne électrique moyenne tension, qui pourrait atteindre sa saturation à moyen terme. Cela pose des risques de perturbations opérationnelles, pouvant entraîner des arrêts de production et affecter la fiabilité des services offerts par le port. La gestion proactive de ces enjeux sera cruciale pour maintenir la dynamique de croissance du PAK.
Perspectives d’Avenir et Projets de Développement
Pour répondre à ces défis et renforcer sa position sur le marché, le PAK prévoit de créer une zone industrielle intégrée de 500 hectares. Ce projet ambitieux vise à attirer des investissements dans divers secteurs, contribuant ainsi à diversifier les activités économiques autour du port. Patrice Melom, directeur général du PAK, a récemment organisé une rencontre à Paris avec les actionnaires de Kribi Conteneurs Terminal (KCT) pour présenter ce projet, en dépit de la vente imminente de Bolloré Africa Logistics à MSC.
En outre, le groupe Bolloré reste actif au port de Kribi, ayant inauguré une base logistique de 24 000 m² en juin dernier. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à tripler les capacités du terminal d’ici 2024, comme l’a souligné Olivier de Noray, président du conseil d’administration de KCT. Ces développements témoignent d’une volonté de renforcer l’infrastructure portuaire et d’améliorer les services logistiques, éléments essentiels pour attirer davantage de trafic.
En somme, le Port Autonome de Kribi se trouve à un tournant décisif de son développement. Les résultats récents sont prometteurs, mais la pérennité de cette croissance dépendra de la capacité des acteurs impliqués à surmonter les défis existants et à saisir les opportunités qui se présentent. Comment le PAK pourra-t-il naviguer dans ce contexte complexe pour assurer son avenir ?