Analyse approfondie
Le Tchad a récemment menacé de se retirer de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale créée pour combattre Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad. Cette force regroupe plusieurs pays, notamment le Tchad, le Cameroun, le Nigeria, le Niger et le Bénin. Actuellement, le Tchad contribue significativement à la FMM avec environ 3 000 soldats, constituant le deuxième contingent le plus important après celui du Nigeria.
Raisons de la menace de retrait
Manque de coordination et d’efficacité : Le gouvernement tchadien reproche à la FMM une mauvaise coordination entre les pays membres, une faiblesse en matière de renseignement, de logistique et de communication, ce qui nuit à l’efficacité des opérations contre Boko Haram.
Priorités sécuritaires internes : Le président Mahamat Idriss Deby Itno affirme vouloir concentrer les efforts militaires sur la sécurisation des frontières tchadiennes, notamment après une attaque meurtrière attribuée à Boko Haram ayant coûté la vie à des soldats tchadiens.
Fatigue opérationnelle : Après des années de lutte, le Tchad semble questionner la pertinence de son engagement dans une coalition qui, selon ses dirigeants, n’apporte pas de résultats proportionnels à ses sacrifices.
Implications d’un retrait
Fragilisation de la coalition : La FMM, déjà affaiblie par le retrait temporaire du Niger après son coup d’État en 2023, pourrait perdre en efficacité sans la contribution importante des forces tchadiennes. Cela pourrait aggraver l’insécurité dans le bassin du lac Tchad, une région déjà marquée par des années de violence.
Renforcement de Boko Haram : Une diminution des pressions militaires pourrait permettre au groupe terroriste de regagner du terrain, augmentant les menaces pour les populations locales et les autres pays membres de la coalition.
Perspectives
Le Tchad a appelé les autres membres à améliorer la coordination et les moyens de la FMM pour éviter son retrait. Ce dernier pourrait être évité si des réformes significatives sont entreprises rapidement. Cependant, en l’absence de progrès concrets, le Tchad semble déterminé à réorienter ses efforts vers des priorités nationales.Cette situation illustre les défis persistants de la coopération régionale en matière de sécurité en Afrique, face à des menaces transnationales comme le terrorisme.