Moscou et les pavillons opaques
Depuis décembre 2023, de nombreux pétroliers russes s’enregistrent sous pavillon gabonais. Selon une étude de la Kyiv School of Economics, le Gabon est devenu un allié de la « flotte fantôme » russe, utilisée pour contourner les sanctions occidentales contre le pétrole. Moscou recourt à des juridictions peu transparentes, le Gabon en faisant partie.
Contournement des sanctions occidentales
Depuis l’embargo du G7 et de l’Union européenne sur le pétrole russe, Moscou a créé une « flotte fantôme ». Ainsi, des pétroliers échappent au plafonnement des prix, transportant 4,1 millions de barils par jour en juin 2024, soit plus que la production combinée du Nigeria, de la Libye et de l’Angola. Au départ immatriculés au Liberia, ces navires ont migré vers le pavillon gabonais suite à des pressions américaines.
Pavillon gabonais : une alternative stratégique
En décembre 2023, Washington a fait pression sur le Liberia pour annuler les immatriculations des navires fantômes. Le Gabon a alors été choisi par Moscou pour ses normes d’inspection laxistes et sa résistance aux pressions occidentales. Au moins 40 des 95 tankers sous pavillon gabonais ont récemment accosté dans des ports russes.
Pressions internationales et gestion des pavillons
Les Occidentaux tentent de freiner la « flotte fantôme » en interdisant l’accès à leurs ports et en dressant des listes de suspects. En parallèle, l’UE a sanctionné 27 navires russes en juin 2024. La gestion du pavillon gabonais est confiée à une société émirienne, Intershipping Services, suscitant des critiques sur l’absence de contrôle américain ou européen.
Inspections rares et critiques de la sécurité
Seuls neuf navires sous pavillon gabonais ont été inspectés par le Paris Memorandum of Understanding (Paris MoU), une coalition de 28 pays. L’un d’eux, l’Electra, a été retenu à Gibraltar pour des manquements en sécurité et conditions de travail. Le faible nombre d’inspections empêche le Gabon de figurer sur les listes « peu sûres ».
Perspectives et stratégies futures
Craig Kennedy souligne que la Russie ne renoncera pas à sa flotte, des options de nouveaux enregistrements étant toujours possibles. L’expert suggère même que Wagner pourrait créer un registre au Mali. Les besoins de Moscou restent minimalistes : un simple pavillon suffit pour continuer ses opérations.
Plus d’information : rfi.fr